Une petite vingtaine d’agent·es du secteur psychiatrique s’est rassemblé ce matin devant le siège de l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Lille à l’appel de la CGT EPSM des Flandres (Etablissement Public de Santé Mentale) et de SUD Santé Sociaux. Les agent·es mobilisé·es (pour beaucoup aide-soignant·es) protestent contre les transferts de lits vers des sites non adaptés à la prise en charge psychiatrique et espérent “faire entendre [leurs] revendications et changer l’ARS”.
30 lits ont en effet été transféré il y a quelques mois du service de Bailleul vers le service d’Armentières, dans le Nord. Les agent·es présent·es ce jour-là dénoncent un “démantèlement” de l’EPSM des Flandres et ne veulent pas être “mutualisables à souhait”.
Une réunion avec la direction de l’ARS était prévue pour 11 heures. Entre temps, les quelques personnes présentes ce matin malgré le grand froid échangent sur leurs difficultés. Et pour nombre d’entre elles, ces transferts de lits ne sont qu’un exemple d’une dégradation plus générale du service.
“On a des personnes hospitalisées qui viennent de Dunkerque. Pour aller à Bailleul, c’est déjà pas simple, mais Armentières, c’est autre chose”, dénonce Laurence, aide-soignante à la retraite et syndiquée CGT. “Certains de nos patients viennent de milieux ruraux, c’est compliqué pour eux de se déplacer aussi loin. J’ai commencé en 1982, depuis il y a eu de nombreuses fermetures de lignes médicales. On a trop serré la vis aux médecins, du coup ils sont partis. C’est souvent tendu, on est passé de 60 à 30 lits. Et les locaux à Armentières sont vétustes, ils ne sont pas fait pour de la psychiatrie”, affirme celle qui a récemment “rendu son tablier” et qui “plaint [ses] collègues”.
Même écho du côté de Madeleine, retraitée elle depuis 21 ans, ancienne aide-soignante à Bailleul et syndiquée CGT. “J’ai commencé en 1967, on avait 6 secteurs. Avant, on avait des médecins à l’écoute. On avait pas toutes les commodités qu’on peut avoir aujourd’hui mais on avait des lits au rez-de-chaussée pour chaque patient. Aujourd’hui, ce n’est plus pareil. Tout est parti à vau-l’eau. Il faut toujours faire des économies pour eux. Ils voulaient même mettre la T2A [tarification à l’activité, ndlr] chez nous, mais c’est pas possible. Tout là-haut, on ne voit pas la réalité, la direction, eux, ils ont les moyens d’aller dans le privé. Il faut qu’on redonne goût à la vie aux patients.”
“La gouvernance actuelle est dégradante pour les usagers mais aussi pour le personnel”, affirme de son côté Charlotte Wallaert, secrétaire générale USD CGT Santé Action Sociale dans le Nord, venue en soutien aux agent·es mobilisé·es ce matin. “C’est malheureux qu’il n’y ait pas plus d’agents qui se mobilisent au sein de l’EPSM des Flandres pour survivre à tout ce qu’ils vivent. On affirme qu’au niveau départemental, on sera toujours présents, mais il faut absolument que le personnel de l’EPSM des Flandres s’inquiète pour leur avenir.”
“Avant, on arrivait à répartir les patients quand ça chauffait trop”, se rappelle Laurence. “A Bailleul, où j’étais, ils avaient tout modernisé. Dans chaque chambre, il y avait un coin douche. Là, à Armentières, on ne peut rien faire, il y a juste une baignoire et on ne peut même pas mettre de chaise à hauteur variable pour les personnes âgées. Avant les patients, ils allaient à l’équithérapie, mais aujourd’hui ils ne peuvent plus le faire. On a beaucoup perdu.”
Au sortir de la réunion avec la direction, Laëtitia Declercq, secrétaire générale de la CGT EPSM des Flandres, regrette ne pas avoir vraiment de bonnes nouvelles à adresser à ses collègues. “Ils ont affirmé que les lits ne retourneraient pas à Bailleul. Pour nous, ils privilégient la métropôle plutôt que les zones rurales. Nous, on attendait à ce qu’il y ait des permanences sur Bailleul et Lille Métropole pour équilibrer l’offre de soins. On leur appris différentes choses, notamment concernant les difficultés dans le dialogue social. Ils ont pris beaucoup de notes. On a affirmé que nous ne souhaitons aucune restriction de budget.”
Une chose est sûre, les syndicats, eux, resteront vigilants et mobilisés.